Le 16 juillet 1995, Jacques Chirac reconnaissait enfin la responsabilité de l’État dans la déportation des Juifs. Ce fut une date de justice et de lucidité.
Nous pensons aujourd’hui à la rafle du Vélodrome d’Hiver, les 16 et 17 juillet 1942, lorsque plus de 13 000 Juifs — dont 4 000 enfants — furent arrêtés par la police française, parqués dans des conditions inhumaines, puis déportés et assassinés à Auschwitz. Cette rafle, parmi d’autres, incarne une trahison des principes républicains.
Face à cette trahison, il y eut aussi des lumières.
Je veux saluer ici la mémoire des Justes parmi les Nations, celles et ceux qui, au péril de leur vie, ont sauvé des Juifs traqués. Ils ne se posaient pas en héros, mais en êtres humains. Ils nous rappellent que même dans les temps les plus sombres, il reste un chemin de conscience et de courage.
Toulouse et la Haute-Garonne comptent 83 Justes parmi les Nations — enseignants, agriculteurs, fonctionnaires, gendarmes ou prêtres — aujourd’hui reconnus pour avoir sauvé des Juifs au péril de leur vie.
Parmi eux, comment ne pas évoquer la voix courageuse de Monseigneur Saliège, archevêque de Toulouse, l’un des tout premiers à dénoncer publiquement la déportation des Juifs, dès août 1942. Sa lettre, lue dans toutes les églises du diocèse, déclarait : « Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes […]. Ils font partie du genre humain. Ils sont nos frères comme tant d’autres. Un chrétien ne peut l’oublier. »
Par ces mots simples et puissants, il brisa le silence et réveilla les consciences.
Aujourd’hui, nous rendons hommage aux Justes, mais aussi à toutes celles et ceux qui ont résisté, protégé, dénoncé l’inhumain. Ils ont porté ce que la République a de plus précieux : la dignité, la fraternité, le refus de l’arbitraire.
C’est à cela que servent ces commémorations : nous souvenir des crimes, honorer les résistances, et renforcer notre vigilance.
Aujourd’hui encore, l’antisémitisme n’a malheureusement pas disparu. Les haines et les racismes prospèrent sur les mêmes logiques d’exclusion et de désignation de boucs émissaires.
Face à cela, une seule réponse est digne : la mémoire, l’éducation, et la laïcité — cette laïcité républicaine qui permet à toutes les communautés de vivre ensemble dans le respect, sans renier leur foi ni imposer leur loi.
Je veux aujourd’hui saluer la présence du rabbin Gurari. Sa participation à nos cérémonies incarne la
continuité du lien entre la République et toutes ses composantes.
Je veux aussi saluer chaleureusement Jacques Dahan, qui m’a fait l’honneur de prendre la 33ᵉ et dernière place, symbolique, de la liste que je conduisais en 2020. Son engagement, sa fidélité aux valeurs de la République et son attachement à L’Union ont toujours été présents à nos côtés.
Mesdames et Messieurs, la République se doit d’être fidèle à ses Justes. Elle se doit d’en faire des modèles de courage moral et d’humanité.
Mémoire et respect pour les victimes.
Gloire aux Justes.
Liberté. Égalité. Fraternité.
Vive la République.
Vive la France.